En 1933, en pleine démence du nazisme, l’helléniste allemand Werner Jaeger commençait à écrire une œuvre monumentale, Paideia, non seulement sur l’éducation dans la Grèce antique, mais aussi sur l’ensemble de cette culture, source de notre civilisation et de notre démocratie.
Aujourd’hui, la crise globale que nous vivons nous a retournés à la case de
départ et, une fois là, elle a commencé à nous faire comprendre trois choses essentielles :
l’importance inouïe de certaines fonctions, comme le camionnage ; la
nécessité de redevenir tous plus polyvalents ; la connerie monumentale de
saturer la terre avec un tourisme peu respectueux de chaque localité et de l’environnement.
Plus polyvalents, parce que maintenant il faut nous occuper de l’éducation :
nous constatons avec horreur que nos enfants ou petits-enfants ne font pas les
opérations mathématiques comme nous avons appris à les faire ; que leur
écriture est phonétique plutôt que française ; que la bulle de leur
galaxie, en résumé, semble avoir pris une certaine distance de la nôtre. Mais
commençons par le commencement, n’importe où : par les fables de La
Fontaine, par l’explication de la courbe statistique ou par la cinétique du ‘moment angulaire’. Peu importe, à la condition d’être créatifs, de construire des
modèles avec les vieilles cochonneries entassées au garage et de sortir le
papier d’emballage pour faire de grands dessins.
Au train où vont les choses, d’ailleurs, si le passage de la vague nous permet
de retourner à un semblable de normalité pour l’été, je n’exclus pas de voir se
greffer une ‘recherche éducative’ à chaque activité sportive, à chaque
observation pendant les vacances, les vraies : les aurores boréales, les
mouches à feu, les constellations, la simple composition de la terre, révélée
par un trou pour planter un poteau ou un arbre…
Je n’exclus pas de voir proliférer à l’écurie des discussions sur
l’inertie, sur la mesure du cercle ou sa division en secteurs. Même sur le
théorème de Pythagore, hélas, car pour tracer un rectangle de dressage de 20 m sur
40 m ou de 20 m sur 60 m, il faut calculer la diagonale, c’est-à-dire,
l’hypoténuse. Une suggestion : notez vos résultats dans les commentaires ci-bas ou ceux du lien Facebook
pour démontrer que vous vous souvenez bien de la formule...
Carrière de dressage qui me ramène dans notre sujet à un autre rectangle,
celui du Parthénon d’Athènes : ses frises représentent un total de 378
humains et 245 animaux, des chevaux dans la grande majorité. Pas des dieux, des
humains et des chevaux. Pourquoi donc ?
Parce que, dans la culture grecque classique, l’arété –c’est-à-dire, la vertu, le courage– est attribuée autant aux
humains qu’aux chevaux, et ceci même dans l’œuvre d’Homère, le grand
poète-éducateur dans le plus pur esprit de la paideia.
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