samedi 28 mars 2020

Des humains et des chevaux


En 1933, en pleine démence du nazisme, l’helléniste allemand Werner Jaeger commençait à écrire une œuvre monumentale, Paideia, non seulement sur l’éducation dans la Grèce antique, mais aussi sur l’ensemble de cette culture, source de notre civilisation et de notre démocratie.
Aujourd’hui, la crise globale que nous vivons nous a retournés à la case de départ et, une fois là, elle a commencé à nous faire comprendre trois choses essentielles : l’importance inouïe de certaines fonctions, comme le camionnage ; la nécessité de redevenir tous plus polyvalents ; la connerie monumentale de saturer la terre avec un tourisme peu respectueux de chaque localité et de l’environnement.
Plus polyvalents, parce que maintenant il faut nous occuper de l’éducation : nous constatons avec horreur que nos enfants ou petits-enfants ne font pas les opérations mathématiques comme nous avons appris à les faire ; que leur écriture est phonétique plutôt que française ; que la bulle de leur galaxie, en résumé, semble avoir pris une certaine distance de la nôtre. Mais commençons par le commencement, n’importe où : par les fables de La Fontaine, par l’explication de la courbe statistique ou par la cinétique du ‘moment angulaire’. Peu importe, à la condition d’être créatifs, de construire des modèles avec les vieilles cochonneries entassées au garage et de sortir le papier d’emballage pour faire de grands dessins.
Au train où vont les choses, d’ailleurs, si le passage de la vague nous permet de retourner à un semblable de normalité pour l’été, je n’exclus pas de voir se greffer une ‘recherche éducative’ à chaque activité sportive, à chaque observation pendant les vacances, les vraies : les aurores boréales, les mouches à feu, les constellations, la simple composition de la terre, révélée par un trou pour planter un poteau ou un arbre…
Je n’exclus pas de voir proliférer à l’écurie des discussions sur l’inertie, sur la mesure du cercle ou sa division en secteurs. Même sur le théorème de Pythagore, hélas, car pour tracer un rectangle de dressage de 20 m sur 40 m ou de 20 m sur 60 m, il faut calculer la diagonale, c’est-à-dire, l’hypoténuse. Une suggestion : notez vos résultats dans les commentaires ci-bas ou ceux du lien Facebook pour démontrer que vous vous souvenez bien de la formule...
Carrière de dressage qui me ramène dans notre sujet à un autre rectangle, celui du Parthénon d’Athènes : ses frises représentent un total de 378 humains et 245 animaux, des chevaux dans la grande majorité. Pas des dieux, des humains et des chevaux. Pourquoi donc ?

 
Parce que, dans la culture grecque classique, l’arété –c’est-à-dire, la vertu, le courage– est attribuée autant aux humains qu’aux chevaux, et ceci même dans l’œuvre d’Homère, le grand poète-éducateur dans le plus pur esprit de la paideia


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