Mon cheval Kopa a les nerfs bien trempés, mais il avait l’œil inquiet sur le
plafond et les murs du manège : c’étaient les grandes timbales jouées par
les glaçons. La veille, on avait eu un passable verglas et aujourd’hui la glace
craquait à toute allure sur la structure métallique.
Question d’œil, nous avons échangé nos positions respectives : Joannie
a monté Kopa, en exagérant la correction de ses hanches à droite, déséquilibre
que j’ai fini par le transmettre. Alors je me suis vu moi-même de l’extérieur
et j’ai compris toutes les remarques de Joannie, que je me suis promis mille
fois d’amender.
À la fin, Joannie m’a dit :
— À toi.
Kopa avait oublié la glace qui continuait de tomber et moi aussi, surtout
qu’en montant un Kopa bien engagé – postérieurs très avancés sous la masse
corporelle – nous sommes partis vraiment vers le haut.
— Tiens bien sa hanche droite – me disait Joannie –, et la
rêne diagonale !
J’ai fait de mon mieux – je crois que passablement –, mais j’étais
dans une autre dimension, celle d’une impulsion aérienne.
Le calme, l’équilibre, l’impulsion, humm !
Le soir venu, je suis retourné aux écrits de Nuno Oliveira et au volume de
son élève Bernard Chiris : « L’impulsion est un état d’esprit, un
désir mental et physique du cheval de se porter en avant. » L’art de monter à cheval, Paris, Belin,
2003, p. 303.
Ce qui m’a rappelé en direct la souplesse des bras, tant répétée par
Joannie, et la descente des mains des
grands maîtres, celle qu’on identifie constamment dans le remarquable manuel
graphique de la duchesse de Fitz-James :
Marguerite Augusta Marie Löwenhielm, duchesse de
Fitz-James, Principes élémentaires d’équitation, Paris, Plon, Nourrit & Cie, 1892. Composé d’abord pour
son fils, le volume contient une centaine de pages de planches multiples qui
montrent l’influence de Baucher ; certaines des idées sont reprises après,
sur une base photographique, par le Comandant Licart.
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